Centre de Transfert et de Sélection des Salmonidés (CTSS) inc.

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Le CTSS est un organisme sans but lucratif dont la majorité des membres sont des producteurs piscicoles. Le financement du CTSS provient en grande partie de différents organismes gouvernementaux et dans une moindre mesure de la vente de produit (œufs et géniteurs).

Le CTSS procède à l’amélioration génétique et vend des ombles exempts de maladie à l’industrie.

Le CTSS est soutenu financièrement par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Marquage Engraissement Incubation Ponte des oeufs Fertilisation Banque de spermes Photo avant Identification Comptage des oeufs Géniteur Rupert Alevinage Vue arrière

  • Fiche technique

    , par Luc Picard

    Avertissement

    Le lecteur est avisé que la présente fiche technique est fournie à titre d’information générale seulement. Il est entendu que les chercheurs, les producteurs et la Société de recherche en aquaculture continentale (SORDAC) Inc. n’assument aucune responsabilité, de quelque nature que ce soit, dans l’hypothèse où le lecteur entreprendrait , malgré le présent avertissement, d’appliquer, d’interpréter ou de se servir des résultats ou des conclusions de ladite fiche.

    Introduction

    Le présent projet visait à poursuivre l’amélioration génétique entreprise au CTSS sur la souche domestique de l’omble de fontaine (Salvelinus fontinalis). La sélection familiale effectuée au CTSS et dans les entreprises participantes porte sur l’amélioration de la croissance et l’élimination de la maturation sexuelle précoce 0+ et fournir à l’industrie des ombles de fontaine domestique exempts de maladie. À la demande de l’industrie, un volet secondaire visait à développer une méthode fiable d’inversion de sexe chez l’omble de fontaine.

    Matériel et méthode

    À l’automne 2011 ainsi qu’à l’automne 2012, trente et une famille et un lot témoin ont été produits à chacune des années à partir des géniteurs domestiques 2008 et 2009. Ces poissons ont été élevé au CTSS jusqu’à 5 grammes. Par la suite 200 poissons par famille étaient transférés dans 3 entreprises participantes et 100 poissons étaient conservés au CTSS. Un échantillonnage a été effectué dans les entreprises à l’automne et au printemps pour vérifier la croissance des poissons dans différents milieux. Une sélection successive faite sur les poissons présents au CTSS visait à obtenir 10 géniteurs par famille afin de produire la prochaine génération.

    Résultats

    Maturité sexuelle

    Si on compare le % de maturité sexuelle précoce 0+ d’une génération à l’autre, elle est passée de 36.2 et 32,3 pour les 2008-2009 (même génération) à 15,5 et 2,39 pour les 2011 et 2012 pour la génération suivante (graphique 1). Cela représente une diminution de plus de 50 %. Ce résultat est en accord avec les résultats de (Bastien et al. 2011) ou la proportion d’immatures dans un projet d’amélioration génétique à partir d’un stock sauvage d’omble de fontaine de la rivière Laval est passée de 32.2 à 61.4 % de la F1 à la F3.

    Graphique 1

    D’après les analyses statistiques au niveau de la maturité sexuelle précoce, la variance génétique additive est confondue avec l’effet famille. Par contre en utilisant une analyse standard avec pères et mères (ou on sépare la variance entre les 2 parents) on peut trouver une composante significative pour le père (qui indique potentiellement une base génétique additive ou un effet paternel non additif). Comme nous n’avons pas utilisé un design plein demi-frère traditionnel, il faut être prudent dans nos estimations, il est possible que les effets paternels et maternels soient confondus avec la variance de dominance ce qui peut biaiser l’estimation.

    Croissance au CTSS

    Afin de comparer la croissance des poissons de différentes générations à différentes tailles nous avons utilisé le coefficient de croissance GF3 (Giskegjerde, T., A, Roem A 1996). Le GF3 enregistre la croissance en fonction du total des températures, exprimées en degré-jour (DJ). La valeur des degrés-jours correspond à la somme des températures moyennes journalières de la période d’observation. On peut alors calculer le GF3, formule où le poids individuel du poisson est exprimé en grammes, à l’aide de la formule suivante :

    Comme on peut le constater (tableau 1), en général, la croissance a été supérieure pour les domestiques 2011-12 par rapport aux domestiques de la génération précédente. Le gain de croissance moyen se situe à 11.5 %. Ces résultats sont conformes à ce que l’on retrouve dans la littérature qui mentionne que des gains de croissance variant de 10 à 20% par génération peuvent-être attendus dans l’amélioration des espèces aquatiques (Gjedrem et Baranski 2009).

    Tableau 1
    Comparaison des GF3 pour différentes périodes de croissances des générations de domestiques pour la période 2008 à 2012.

    Croissance en entreprise

    Pour ce qui est de la croissance en entreprise, plusieurs facteurs de gestion d’élevage et d’environnement peuvent entraîner des différences de croissance d’une entreprise à une autre. Des facteurs génétiques peuvent également faire en sorte qu’une famille sera plus performante sur un site que sur un autre. On parle alors d’interactions gène-environnement.
    Ce qui nous importait dans cette section du projet n’était non pas de comparer les entreprises entre elles, mais plutôt de vérifier si les familles les plus performantes demeuraient les plus performantes quelque soit l’environnement d’élevage ou si les variations gène-environnement pouvaient faire en sorte qu’il serait difficile de prédire si les résultats de la sélection effectuée au CTSS s’exprimeraient de façon différente selon l’endroit où les poissons étaient transférés.
    Afin de comparer les performances des poissons dans les différentes entreprises nous avons effectué une corrélation de Spearman. Cette corrélation permet de vérifier si les différentes familles ont performé de façon similaire dans les différents milieux. Une valeur significative (p < 0.05) indique une corrélation significative entre les rangs des différentes familles d’un environnement à l’autre. La valeur appelée « corrélation » est le rho de Spearman, une mesure de la force de la corrélation qui varie de zéro (aucune corrélation) à 1 (corrélation parfaite). (Tableau 2).

    Tableau 2
    Résultats pour le test de corrélation de Spearman entre les entreprises et le CTSS pour les domestiques 2011

    Entreprise_2 Entreprise_3 CTSS
    Entreprise_1 0,381
    (0,032)
    0,648
    (<0,001)
    0,698
    (<0,001)
    Entreprise_2 0,570
    (<0,001)
    0,334
    (0,062)
    Entreprise_3 0,598
    (<0,001)

    ( ) = p valeur
    Les résultats du test de corrélation nous permette de dire qu’en général les différentes familles de poissons performent de façon similaire peu importe le milieu dans lequel ils sont élevés. La seule corrélation qui n’est pas significative se situe entre l’entreprise 2 et le CTSS. Lors des générations précédentes la comparaison entre cette entreprise et le CTSS donnait une corrélation positive. Ce résultat permet tout de même de supposer que la génétique développée par le CTSS peut s’avérer profitable pour toute l’industrie.

    Conclusion

    À la lumière des résultats obtenus jusqu’à maintenant on peut dire que l’amélioration génétique de la souche domestique est sur la bonne voie. Par rapport à la génération précédente, une diminution de près de 50% de la maturité sexuelle précoce 0+ a été obtenue et au niveau de la croissance le gain est de 11.5 %. De plus en général les poissons les plus performants le sont dans différents milieux. Fait important, tout au long de son travail le CTSS a réussi à maintenir la certification sanitaire de ces poissons tant au niveau fédérale que provinciale. Le travail d’amélioration génétique entrepris se poursuit toujours au CTSS et dans les entreprises qui participent au projet. Le travail d’amélioration génétique effectué au CTSS profite à de nombreuses entreprises qui en multipliant les poissons issus du CTSS, la redistribue à d’autres producteurs.

    Bibliographie

    Bastien A ,Perry G, Savaria, J-Y. Bernatchez, L. Audet, C. 2011. Genetic Gain for growth and delayed sexual maturation using a feral strain of anadromous brook trout. North American Journal of Aquaculture 73 : 1, 24-33.

    Crespel A, Bernatchez L, Garant D, Audet C. 2011. Quantitative genetic analysis of the physiological stress response in three strains of brook charr Salvelinus fontinalis and their hybrids. Journal of Fish Biology 79 : 2019–2033.

    Giskegjerde, T., A, Roem A., 1996. Coefficient GC3 : Une nouvelle méthode pour mieux mesurer la croissance. Aqualité Magazine été 1996.
    Gjedrem, T., Baranskim, M. (2009).Selective Breeding in Aquaculture : An Introduction. Springer Science 221pp.

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    Fiche technique